L'improvisation au piano - quelques ficelles pour les peureux

Publié le 24 Juillet 2011

L'improvisation au piano : quelques ficelles pour les peureux

Pourquoi les musiciens n’osent-ils plus improviser ?

Deux idées hantent la "névrose" du musicien qui n'osent pas/ou plus improviser : la peur et l'orgueil !

- la peur, c'est la peur de la "fausse note" : c'est désirer être parfait tout de suite et, ne pas avoir l'humilité de vouloir faire le chemin en prenant tous les risques de se tromper. Et en improvisation, "se tromper" permet d'avancer et de découvrir la musique;

- l'orgueil, c'est croire que l'on est parfait avant de commencer tout travail.

Pourquoi cette tradition est-elle tombée dans l’oubli ?

Avant la sur-scolarisation de la musique, cette dernière était principalement improvisée.

A notre époque l’écriture et la théorie musicale sont de plus en plus compliquées.

Bien qu'étant devenue un discours intelligent très abouti, la théorie musicale s'est fortement écartée des deux premiers points d'impact préhistorique ou tribal de la musique : le tapé dans les mains (la percussion) et le cri ou autres sons de bouche (le chant).

La tradition orale a été aussi refoulée par la musique écrite.

Beaucoup de cultures extra-européennes utilisent pourtant toujours l’expression des émotions ainsi que des sentiments par la musique improvisée.

Notre sur-scolarisation nous a fait perdre le contact le plus naturel et le plus instinctif avec la musique.

Je suis pianiste donc je vais parler du piano.

Ces quelques conseils peuvent toutefois s’adapter à d’autres instruments

polyphoniques ou monodiques (pour les instruments monodiques il s'agira de surfer

entre le concept mélodique et harmonique).

 

Comment s’initier à l’improvisation ?

1. D’abord - comme il a été précisé plus haut en guise d'introduction - en laissant tomber la peur de la « fausse note ». En laissant tomber l’orgueil et ainsi la prétention à la perfection. Les blocages psychologiques. Vous remarquez que ces facteurs d’empêchement sont d’abord des facteurs de types psycho-émotionnels. Il faut se sentir libre, à l’aise et chercher à aller acquérir la confiance en soi. Tester, s'étonner d'oser et ne rechercher aucune prétention ni aucune performance. Et surtout oublier tous les modèles fanés des « pères prétentieux », chefs sclérosants de nos conservatoires de musique.

Avec tout le respect que j’ai pour la musique « conservée », toutefois (je viens de là !). Il n’est pas besoin d’être un grand technicien de son instrument pour pouvoir improviser.

Au-delà, si les capacités techniques existent, tant mieux.

2. Acquérir des modèles d’improvisation simples (avant de se lancer dans de grandes théories harmoniques, qu’elles soient issues de la musique classique, du jazz, du blues, du tango, du latino ou de toute autre musique théoriquement très construite).

 

Leçon 1 - improviser sur le modèle de la musique classique

  • Liste de modèles simples

Oublions la tonalité (modes majeurs et mineurs) et partons de la musique modale

(les modes anciens).

  • a. D’abord simple. Utilisons le bourdon (intervalle de quinte) voisin de l’ostinato consistant à répéter une formule rythmique, mélodique ou harmonique (une ou plusieurs notes répétées). Fa# - Do# au piano plaqué régulièrement ensemble avec comme gamme pentatonique les 5 touches noires : do# ré# fa# sol# la#.
  • b. Utilisez le bourdon Sol – Ré sur les 5 premières notes de la gamme du mode de sol. Transposez ce modèle. La – mi ---- Do – sol. Etc. Adaptez les 5 premières notes de la gamme au bourdon de la basse.
  • c. Utilisez les modes anciens. Jouez une basse ou un bourdon sur les gammes modales (utilisez les touches blanches uniquement) do ré mi fa sol la si do - ré mi fa sol la si do ré - mi fa sol la si do ré mi -, etc. La première note de ces gammes est la « tonique » ou la note de référence. Il n’y a pas de note sensible (sauf pour le mode de Do dit Ionien - il y a un demi-ton naturel entre si et do, les septième et huitième degré de cette gamme. La hiérarchie des tons et des demi-tons colore ces gammes modales, dites anciennes, différemment.

Retournons maintenant et timidement vers la tonalité

  • d. Un rien plus avancé. Utilisez la notion de tonalité. Partez de la plus simple, d’abord Do majeur. Faites un enchaînement d’accords parfaits sans septième sur le V°

( I VI IV V I ) : do mi sol - la do mi - fa la do - sol si ré - do mi sol. Utilisez les gammes modales et servez-vous de votre oreille pour détecter une certaine hiérarchie des notes. Des enchaînements sonnent mieux que d'autres. Eduquez votre oreille.

Improvisez tranquillement sur ces quatre modèles; d’abord sans prétention mais surtout en détente ainsi qu’en liberté. Pour que vos improvisations soient vivantes il sera impératif de varier la structure rythmique conjointement à la structure mélodique.

 

Suite au prochain numéro.

 

Patrick FRASELLE

pianiste compositeur improvisateur et professeur de piano

 

 

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