Etudes de Chopin opus 10 n° 1 - 4 - 12 tutoriels avancés - analyse technique et pédagogique par Patrick FRASELLE

Publié le 27 Juillet 2015

Sur internet, dans les cours musicaux (tutoriels) sur vidéos concernant le piano, bien souvent le meilleur côtoie le pire.

Beaucoup d'amateurs pas suffisamment formés y vont chacun de leurs petites vidéos (besoin d'exister et narcissisme oblige). Des interprétations musicales sont lamentables et, certains tutoriels sont sans intérêt.

Cependant, beaucoup sont de bonne volonté et fabriquent  d'excellents tutoriels pour débutants et élèves moyens. Ce sera aux internautes à faire le tri.

Ici j'ai fait la sélection pour vous et je ne présente que des tutoriels dont la qualité relève de la perfection. Il y va aussi de la réputation de mon site.

Je visionne et analyse toujours pédagogiquement toutes les vidéos que je présente.

Bien que chacune soit fort différente au niveau du contenu, elles possèdent toutes un intérêt particulier.

Attention : il s'agit bien de tutoriels proposant une approche technique (bien qu'aussi musicale de temps à autre) et, il ne s'agit pas de master class, cours magistral d'interprétation, par un pianiste connu, reconnu, moins connu ou pas connu.

Au delà de certains fondements incontournables, l'interprétation musicale est tellement subjective, que déjà en elle-même, elle justifie l'ineptie profonde des concours de piano. Prétention humaine quand tu me tiens !

- Aussi, elles sont toutes issues de pédagogues expérimentés ainsi que de pianistes connus, reconnus ou moins connus qui savent réellement jouer et expliquer.

La qualité est très supérieure et incontestable.

Les vidéos de pianistes pas assez compétents ou fantaisistes n'ont pas de place dans la ligne pédagogique que je vous propose.

Patrick FRASELLE, pianiste

 

 

Le 27 juillet 2015 for - texts, links and pictures - checked and locked and saved.

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Travail d'approche fort intéressant - mais Cortot et son âme plane...

Etudes de CHOPIN - analyse technique et pédagogique par Patrick FRASELLE

(pour commencer trois études opus 10 n° 1 - 4 - 12 et les autres suivront)

Le virtuose Vladimir Horowitz explique à propos des études de Chopin : 

« Pour moi, l'étude la plus difficile est celle en ut majeur, la première, op. 10, no 1 ».

C'est évidemment son point de vue; je ne crois pas être d'accord avec lui...

Etude n° 1 en C majeur - opus 10 - de Chopin.

La particularité de cette étude en do majeur est l'intense difficulté des extensions de types "chirurgicaux" pour la main droite.

Aussi la main passant de positions très ouvertes à des positions plus fermées.

La détente globale de la main droite est également difficile à réaliser.

Et ce, placé dans un contexte d'exécution "forte" dans une vitesse très rapide et, dans un texte continu uniquement réservé, sans repos ni silence.

  • Zone technique rouge de l'étude

Bien que très difficile dans son ensemble cette étude comporte certaines mesures encore plus redoutables au niveau de l'implication physique de la main.

-> Il s'agit des mesures : 11 - 23 - 30 - 31 - 32 (et 13 15 17 23 59 61)

Mesure - 11 (fa majeur - la à la basse) Do Fa Do Fa avec le doigté 1 2 4 5 (le seul possible car le doigté qui casse le rythme de l'étude 1do  2fa  5do  3fa est fantaisiste et totalement à exclure). La première difficulté est l'écart 1 - 2 (do fa); la deuxième difficulté est l'écart 4 - 5 (do fa); la troisième difficulté est la synthèse des deux 2 - 4 - 5 (fa do fa). Pour négocier ce passage il y a deux approches technico-dynamiques différentes.  

A savoir : a) soit le pianiste utilise la droite-diagonale en se servant du 4ème doigt comme "levier-béquille-tremplin" pour aller chercher le fa (atterrir sur le fa); b) soit le pianiste utilise la droite-diagonale toujours mais, quand il arrive sur la note do avec le 4ème doigt au lieu de s'en servir comme levier-tremplin, il tourne le poignet et la main vers la droite (accéder au fa). La première fois que j'ai joué cette étude il y a  40 ans pour mon entrée au conservatoire, j'optais pour l'extension pure et simple, c'était douloureux, risqué, angoissant et fort maladroit. Ma main a changé et après de multiples essais et réflexions rationnelles sur le mécanisme, j'opte maintenant pour une troisième version c) qui est un mélange technique de la version a) et de la version b) Au-delà c'est une affaire d'essai, de main et de pianiste et chacun trouvera sa solution pour cette mesure qui est une des plus difficiles de l'étude.

(Pour rappel - techniquement - la géométrie (ergonomie) de cette étude relève de la mixité de la ligne droite et de la diagonale de gauche à droite en montant et de droite à gauche en descendant. En montant quand le 5ème doigt a joué la note la plus aiguë d'un groupe de quatre double-croches il y a à ramasser le pouce le plus proche et le plus vite possible du 5ème doigt pour pouvoir accéder à un prochain groupe de 4 double-croches. En descendant, il y a aussi à faire le même geste technique qui est de ramasser le 5ème doigt vers le pouce, comme si toute la main, (tous les doigts) se concentrait "au-dessus" du pouce pour se re-déplier ensuite vers la gauche).  

Mesure - 23 (mi mineur sus4 le la remplaçant le sol) SI LA SI MI avec le doigté 1 2 3 5 (le seul possible aussi). La difficulté de cette mesure est la grande extension entre le 1er et le 2ème doigt (si la intervalle de septième) à exécuter dans la vitesse. Il y aura à travailler les exercises d'extension et à trouver son positionnement de main au bord du clavier.

Mesure - 30 (septième de sensible de ré bémol majeur avec de solb à la basse) MIb SIb MIb DO. Extension très difficile sur les touches noires. Cortot (et d'autres éditions) mettent  le 3 sur le sib ce qui implique le 2 sur le mib. Dans ce cas l'extension est réellement douloureuse. Personnellement je mets le 4 sur le sib ce qui réduit un peu l'extension. Mais je pense que c'est une affaire de main, de disposition personnelle et de choix de pianiste. Passage à travailler très méticuleusement, toutefois.

Mesure - 31 (fa 7 dominante si bémol majeur/mineur - fa à la basse) DO MIb LA MIb. Cortot et d'autres éditions placent le 4ème doigt sur le la ce qui implique que l'extension vers le mi bémol est très difficile et qu'en plus, le 4ème doigt vient bloquer sur la touche si bémol. Je ne sais qui met ce doigté parmi les pianistes ? Je le trouve exécrable. Personnellement je mets le 3ème doigt. Donc : 1 2 3 5.

Mesure - 32 (la bémol mineur) MIb LAb MIb DOb. Le seul doigté possible 5 3 2 1. Une légère difficulté dans la descente avec les doigts 3 et 2, extension sur les touches noires. A travailler aussi avec précision. Au-delà c'est probablement la mesure la moins difficile des cinq.

Mesures - et 13 15 17 23 59 61 Pourquoi je cite ces mesures qui sont apparemment faciles d'exécution ? Parce que dans le contexte de l'étude elles constituent un piège. En effet, dans une étude où les doigts sont tout le temps sollicités à l'extension, rencontrer une mesure qui comporte des notes conjointes - des secondes mineures ou majeures, demande subitement de sortir du contexte de l'extension et de resserrer les doigts (dynamique musculaire contraire). Personnellement j'ai plus trébuché sur ces mesures "faciles" que sur les plus difficiles dans lesquelles il faut resserrer la main dans la vitesse et la ré-ouvrir en extension ensuite.

 

  • Pour rappel​ : la technique du piano, remarques basiques importantes 

1.    Le clavier du piano, selon sa configuration, engendre un travail horizontal autant que linéaire (la ligne droite). 


2.    D’un point de vue perpendiculaire à cette droite, le pianiste devra se confronter perpétuellement avec les trois zones du clavier : le bord, le milieu et le fond. Une prise de conscience géométrique importante est dans le déplacement horizontal l'utilisation de la diagonale pour aller du début d'un trait (notes blanches) à la fin de ce trait (notes noires). Ainsi se construit l'ergonomie complète des déplacements parfaits sur le piano. 


3.    Il en résulte un compromis topographique permanent : l’alliance entre le déplacement horizontal, vertical, diagonal et, impliquant, pour rendre la technique libre, toute l'énergie de la courbe (souplesse du poignet, du coude, de l'épaule, du dos et du buste tout entier).


4.  Le pianiste doit aborder le clavier en ayant toujours à l’esprit le principe de l’économie de mouvement (gain musculaire) : l’économie de mouvement, c’est le plus court chemin entre deux séquences (cela implique aussi l’art du doigté). Aussi se rendre compte que le pianiste alterne toujours entre extension et contraction de la main.


5.  Utiliser le déplacement par « blocs » si c’est nécessaire : pas de chirurgie sauvage ou de tricot malhabile (exemple les mesures 15 16 de l'étude opus 10 n° 12 dite "Révolutionnaire" de Chopin, la main gauche : si si ré sol ré et la suite qui est un compromis entre le "passage" du pouce et un déplacement vrai).


6.  Par contre, pas de déplacement quand un doigté judicieux en enchaîne un autre, sauf si la dynamique musicale demande ce déplacement.


7.  Prendre conscience de l’importance autant que de la fréquence de l’utilisation du passage du pouce autant que de ses avantages dans un trait.


8.  Toujours laisser remonter le doigt avec le poids de la touche (bien sûr sauf le staccato !).


9.  Débutants - ne pas jouer en dehors du clavier (sauf pour les pianistes expérimentés qui peuvent tout se permettre car ils en possèdent la maîtrise et, ils connaissent le chemin de leur clavier ; toutefois, sortant des chemins balisés, ils reviendront toujours à la structure, concept de fondamentalité). 


10.  Savoir que, hormis les prouesses techniques tant que mécaniques du virtuose, il est plus difficile ---musicalement--- de jouer lentement que vite (profondeur expressive, super-maîtrise du tempo et polyphonie) 


11.  Aussi l’art du « toucher » étant l’aspect de la technique le plus difficile 
(sensibilité extrême alliée à la maîtrise - Debussy, Ravel).


12.  Appliquer le principe de libération de l'énergie dans les concepts "action-réaction". 
Dès qu'un acte physique a été exécuté la main doit redevenir molle et non contractée. Quand un doigt joue, les autres sont libérés de toutes crispations et de toutes contractions.

13.  Jouer avec tout le corps - pour jouer du piano le corps bouge de gauche à droite et de droite à gauche; aussi le corps (buste et fessiers) se lève pour donner des impulsions dynamiques dans certains passages rapides et/ou forte.

14.  "Jouer en ayant la sensation de pousser le piano contre le mur". Wieslaw SZLACHTA 

Pour l'explication de cette phrase, voir l'article 'La technique pianistique n°1".
 

Le reste étant simplement mécanique (performance du paraître).

 

  • Conseil technique - Le Plus du Professeur FRASELLE

Au-delà de tous les conseils techniques pertinents proposés dans les vidéos, je propose quatre exercices que je n'ai rencontré nulle part... J'ai travaillé l'étude comme cela et j'ai obtenu des résultats très efficaces.

1. Travailler lentement chaque temps de l'étude (4 notes) en tenant toutes les notes. Exemple : jouer do sol do mi - l'une après l'autre - tel que c'est écrit mais les tenir au fur et à mesure (résultat do sol do mi ensemble) et rester quelques secondes en extension puis, tout en tenant toujours les notes détendre la main et la rendre molle. Et ainsi de suite pour toute l'étude. Evidemment dans certaines mesures, quand l'extension est impossible tenir 3 notes sur 4, dans un sens et puis dans l'autre.

2. Travailler l'étude forte dans son ensemble, lentement, en mettant un accent viril et double forte sur la dernière note (5ème doigt) et, tout en faisant rouler la main vers la droite (idem en descendant) avec exagération, relâcher en "chiffon mou" l'autre partie de la main - doigts 1 - 2 - 3 - 4 pour générer le mouvement de roulement (exemple vidéo sera bientôt publié) dans la vitesse. En sur-jouant l'accent forte (5ème doigt), cela crée une difficulté supplémentaire et renforce aussi la dynamique vers la dernière note; et, le "chiffon mou" crée une aisance globale de la main quand on joue normalement l'étude forte avec un accent normal (et musical et non physique) sur le 5ème doigt.

3. Travailler l'étude rapidement (mettre le métronome à une première valeur (humaine) à partir de 80 à la noire pour monter par cran et jouer le plus vite possible dans vos possibilités actuelles) par groupe de 2 temps, 3 temps, 4 temps, 5 temps, 6 temps, 7 temps, 8 temps. Pour créer l'impulsion et pour acquérir progressivement les bons mouvements assurés et souples dans l'exécution rapide de l'étude.

4. Ce dernier exercice concerne seulement les mesures qui posent un problème d'écart entre les notes ou un positionnement très mal-aisé de la main. A savoir les mesures :  - 3 - 5 - 8 - 11 - 13 - 15 - 17 - 22 - 23 - 25 - 27 - 30 - 31 - 32 - 35 - 63 - 73. Exemple de travail technique avec comme modèle la mesure n°11 (do fa do fa) : jouer 5 fois de suite, lentement puis vite chaque intervalle do - fa puis fa - do puis do - fa. Ensuite travailler tous les écarts de ces mesures avec les 6 premiers rythmes habituels (exemple de ces rythmes dans la première page du Hanon ou dans Cortot).

-> N'oubliez jamais un angle pédagogique qui est de laisser reposer l'étude (quelques jours, une à deux semaines) pour revenir dessus. C'est pour cela que je travaille toujours 5 études en même temps et une dizaine de pièces de répertoire en même temps aussi.

 

  • L'anecdote musicale à propos de cette étude

Le jazz est né avant l'heure. En effet, énormément d'accords de jazz (7ème et 9ème et...) se trouvent en clair ou "cachés" dans des oeuvres de Jean-Sébastien BACH, mais bien sûr Bach ne les triturait pas avec les matériaux du jazz : rythmes, rythmes syncopés, décomposition mélodique, contre-chant osé, tension mélodique ou harmonique, coloration, multiples accords de passage et swing. Le tout mis dans la même casserole donne le jazz tel qu'on le connaît et dérivant du blues, du négro-spiritual à sa naissance fin XIXème et début XXème siècle avec un héritage de la musique euro-américaine et afro-américaine.

C'est le même constat pour cette étude de Chopin dans ce qui est probablement le plus beau des passages. A savoir de la mesure n° 41 à la mesure 45 où nous avons une progression harmonique conventionnelle par pas de quinte -> VII - III - VI - II - V - I (IV - VII) et quintes par la quarte. Ces accords issus de la tonalité de do majeur, traité en septièmes, sont des septièmes habituelles dans des standards de jazz, à savoir :

SI (si ré fa la) septième de sensible ou si demi-diminué;

MI (mi sol si ré) mineur 7;

LA (la do mi sol) mineur 7;

RE ( ré fa la do) mineur 7;

SOL (sol si ré fa) 7 septième de dominante;

DO ( do mi sol si) majeur 7;

FA ( fa la do mi) majeur 7;  

SI (si ré fa la) septième de sensible ou si demi-diminué avec retour sur l'accord de départ.

 

  • Chopin utilise une progression harmonique universelle - le pas de quintes : VII - III - VI - II - V - I (IV - VII).
  • Ainsi Chopin a utilisé tous les degrés de la gamme de do majeur sur 5 mesures.
  • ​Chopin utilise une progression harmonique principalement utilisée en jazz que l'on appelle l'Anatole. A savoir l'enchaînement - > VI - II - V - I (IV).

​Quelques appogiatures, notes d'approche, décomposition rythmique et on pourrait jouer ces quelques mesures "façon" jazz.

 

Il y aura à travailler des exercices préparatoires comme ceux de :

1. BRAHMS  - > "51 exercices" les n° 9a - 9b - 21a - 21b - 37b - 44a pour l'extension; le 43b pour le passage du pouce mais surtout pour le roulement et la souplesse du poignet. Etre très prudent et lent quand l'on pratique le travail d'extension car celui-ci peut être très dangereux (tendinite, déchirements des muscles ou des tendons). TOUJOURS pratiquer un travail de resserrement des fibres musculaires de la main après un travail d'extension, par exemple jouer do ré mi fa sol toutes les notes en même temps et les tenir puis l'une après l'autre. Détendre la main en repos en la secouant lentement et pendante le long du corps en souplesse totale comme un chiffon mou.

  •  

(Attention ! Editions DURAND - dans "l'édition instructive" revue par I. PHILIPP, Isidore Philipp a changé l'ordre du classement originel de BRAHMS les n° 1a - 1b - 7a - 7b - 10b - 11a pour l'extension; le 48 b pour le passage du pouce).

  •  

2. Alfred CORTOT dans son édition de travail des études de Chopin, étudier les exercices préparatoires en tête de chaque étude  (attention certains doigtés et certains placements de pédales "choisis" par Cortot dans son édition de travail publié chez Salabert ne sont pas pertinents voire mauvais);

3. Alfred CORTOT encore. Dans son ouvrage "Principes rationnels de la technique pianistique" dans lequel il passe en revue les différentes techniques de base. A partir de la page 60 au chapitre - extension - il y aura lieu de travailler les exercices n° : série A - 3 série B 1 - 1 bis série C - 1.

4. Isidore PHILIPP 179 exercices d'extension pour tous les doigts.

5. Voir les très précieux conseils que donnent les pianistes dans les tutoriels ci-dessous.            A savoir : Aleksander WORONICKI - Paul BARTON - Elsa PUPPULO.

Les exercices préparatoires devant se travailler au minimum une quinzaine de jours tous les jours entre 30 minutes et 60 minutes au moins, parallèlement au travail de la première page de l'étude. En effet, au vu du nombre d'exercices à faire (préparatoires et inhérents à l'étude), il n'est guère utile de travailler plus d'une page à la fois.

Question d'un interviewer à Sviatoslav RICHTER

"Comment travaillez-vous ?"

"Je travaille une page à  la fois et quand je la connais, je passe à la suivante..."

 

Patrick FRASELLE, pianiste

 

Excellente vidéo pour l'approche de base inhérente à cette étude. Bonne pédagogie. Bonne explication. Bonne description.

Plein de conseils : généralités.

Principalement le conseil de la diagonale montante et descendante et le "ramassé" de la main en descendant (le 5ème doigt proche du pouce).

Cette vidéo-exemple pour bien montrer le déroulé, le roulement de la main du pianiste en montant et en descendant : approche technique incontournable pour pouvoir exécuter correctement cette étude.

 

Les anecdotes et les particularités inhérentes aux études de Chopin.

Ré-écriture de la première étude opus 10 n°1 par Godowsky. De la folie, du pure génie.

Ré-écriture de l'étude opus 25 n°2 par BRAHMS. Cette étude "facile" est devenue brahmsienne donc... difficile...

Les documents sonores d'époque en rapport avec l'étude opus 10 n° 1.

Les pianistes d'un autre siècle...

1. Vladimir de Pachmann (00:00)
2. Moriz Rosenthal (02:31)
3. Alfred Cortot (04:37)
4. Wilhelm Backhaus (06:38)
5. Raoul von Koczalsky (08:36)
6. David Saperton (10:37)
7. Guiomar Novaes (12:49)
8. Alexander Brailowsky (14:57)

 

Aussi, il y aura à être indulgent à propos de certains piano (quoiqu'à ces dates les pianos étaient d'excellentes qualités) ainsi que des prises de son de l'époque, souvent pas très bonnes et avec les moyens technologiques du moment...

 

8. Je ne connais pas ce Monsieur Alexander BRAILOWSKY (1876 - 1976 né à Kiev) mais je n'ai jamais entendu une version musicalement aussi incohérente de cette étude...

P.F.

Les pianistes d'un autre siècle...

Etude de Chopin opus 10 n° 1

 

- Les perles expressives -

J'ai rarement découvert des interprétations aussi belles.

1. Shura CHERKASSKY : ai peu souvent entendu cette belle sensibilité, cette dentelle expressive, cette beauté et cette plastique sonore et surtout des tempos humain et non sur-joués. Ici la technique est au service de la musique et est "absente" et, elle se fond humblement dans chaque note. Cela nous change des tirs de mitrailleuse de beaucoup de pianistes actuels profondément détestables : combien de quadruple-croches à la seconde, déjà, pour que je puisse me montrer et pavaner ?

J'ai rarement découvert des interprétations aussi belles. Opus 10.

J'ai rarement découvert des interprétations aussi belles. Opus 25.

Etude n° 4 en C# mineur de Chopin

La particularité de cette étude est d'abord de constater qu'elle est de virtuosité pure.

Ensuite de démontrer ce qu'est la technique du piano en permanence dans son aspect le plus basique : l'alternance régulière entre extension (écartement de la main) et contraction (position ramassée de la main).

On remarque aussi une systémisation du pouce sur les touches noires.

Aussi il y aura à gérer la technique des mouvements contraires.

Bien qu'elle utilise aussi, notamment, la technique du chromatisme, elle le fait avec l'utilisation des doigts faibles (4 - 5) avec une légère extension alternée. Dans la vitesse, la construction technique de cette étude est assez redoutable.

Le tempo indiqué (88 à la blanche) est assez délirant au regard des différentes techniques employées dans l'étude. En effet il ne s'agit pas d'un texte homogène mais bien de réagir aux techniques de : extension - contraction - chromatisme - mouvements contraires - octaves - notes répétées - technique de gamme descendante à la main gauche - déplacements rapides - souplesse du poignet.

  • Remarque : en parcourant les archives des musées ou des bibliothèques nationales, on apprend que Chopin n'indiquait pas de valeur métronomique dans ces études... Ainsi le temps, les éditeurs et différents manipulateurs des partitions font... l'histoire et non la vérité de l'histoire...

Cette étude, à l'exposition du premier thème, dans une relation dominante - tonique, donne aussi l'impression qu'une main court après l'autre.

Et aussi dans un texte continu sans respiration ainsi que forte pour la plupart du temps.

 

  • Zone technique rouge de l'étude

- > Il s'agit des mesures : 4 main droite - 4 main gauche - 7 main gauche - 12 main droite - 12 main gauche - 19 main gauche - 32 et 33 main gauche - 36 et 37 main gauche - 

 

Mesures 4 main droite - 4 main gauche - (12 main droite - 12 main gauche)

 

Mesure - 7 main gauche

 

Mesure - 19 main gauche 

 

Mesure  - 32 et 33 main gauche - (36 et 37 main gauche)

en cours de rédaction...

 

 

Il y aura à travailler des exercices préparatoires comme ceux de :

1. BRAHMS (classement Isidore Philipp) - > "51 exercices" le n°38  pour le chromatisme des 5 doigts - le n°10b pour les passages d'extension dans l'étude - le n°43 pour l'égalité des doigts.

2. Alfred CORTOT dans son édition de travail des études de Chopin, étudier les exercices préparatoires en tête de chaque étude  (attention certains doigtés et certains placements de pédales "choisis" par Cortot dans son édition de travail publié chez Salabert ne sont pas pertinents voire mauvais); pour ce qui est de cette étude en do dièse mineur, tous les exercices conseillés par Cortot sont utiles et à faire. En effet, quelques fois ses exercices sont pléthoriques et il y a à choisir certains parmi d'autres, plus adapté à une difficulté personnelle.

3. Alfred CORTOT encore. Dans son ouvrage "Principes rationnels de la technique pianistique" dans lequel il passe en revue les différentes techniques de base. A partir de la page 81, il y aura lieu de travailler les exercices n° : série B - n°1 et n° 2 pour la souplesse du poignet extrêmement sollicité dans toute l'étude.

4. Voir les très précieux conseils que donnent les pianistes dans les tutoriels ci-dessous.            A savoir : Aleksander WORONICKI - Paul BARTON - Elsa PUPPULO.

Les exercices préparatoires devant se travailler au minimum une quinzaine de jours tous les jours entre 30 minutes et 60 minutes au moins, parallèlement au travail de la première page de l'étude. En effet, au vu du nombre d'exercices à faire (préparatoires et inhérents à l'étude), il n'est guère utile de travailler plus d'une page à la fois.

Question d'un interviewer à Sviatoslav RICHTER

"Comment travaillez-vous ?"

"Je travaille une page à  la fois et quand je la connais, je passe à la suivante..."

 

Patrick FRASELLE, pianiste

 

 

Bon c'est le grand Richter - un monstre - du piano mais la performance par Richter ? Pour moi c'est trop rapide et je n'aime pas car on fini par ne plus rien entendre ni distinguer. Techniquement c'est toutefois assez impressionant. Mais est-ce utile ?

Le corps et le piano - rien de plus important - les exercices physiques.

Les anecdotes et les particularités inhérentes aux études de Chopin

Intéressant par Michal SUPAK.

Etude n° 12 en C mineur - opus 10 - de Chopin.

La particularité de cette étude est qu'elle est principalement dédiée au travail de la main gauche .

Cette étude, mécaniquement, fait partie des 5 études les moins "difficiles" des deux opus. Bien que techniquement très exigeante, elle est tout de même accessible.      

Cette étude comporte cinq plans techniques bien différents à négocier pour une exécution parfaite.

A savoir : 

1. La descente répétitive du premier thème de la main gauche avec l'accord de 7ème diminuée  ( si bécarre ré fa lab "masqué", (entouré est plus exact) avec les notes sol  et mib);

2. La montée en gamme arpégée de do mineur et les quelques modulations qui suivent construites sur le même principe technique;

3. Les grands écarts-déplacements constitués par les mesures  15 - 16 - 25 -26.

4. Le trait dramatique probablement le plus beau de l'étude concernant les mesures 29 - 30 - 31 - 32 utilisant les doigts faibles 4 et 5 à la main gauche dans une intention très expressive et avec de légères extensions.

5. Une poly-rythmie caractéristique mélangeant main gauche et main droite de la mesure 50 à la mesure 56 principalement.

 

  • Zone technique rouge de l'étude

-> Il s'agit des mesures : 15 - 16 - 25 - 26 - 29 - 30 - 31 - 32 - 50 - 52 - 55 - 56 - 60 - 62 - 65 -  67 - tout le restant de l'étude tombant parfaitement bien dans les doigts.

 

Mesures 15 et 16 - Ces deux mesures constituent une difficulté particulière dans l'exécution du déplacement sur le clavier dans la vitesse. Cortot s'échine à proposer des exercices pour le passage du pouce - uniquement - sans parler d'autre chose. Mais pour négocier ces deux mesures, il ne s'agit pas de passage du pouce pur et simple, mais bel et bien de négocier un mouvement tournant du passage de pouce en générant une intention de micro-déplacement réel vers la droite. Chacun devra trouver son chemin dans ce passage.

 

Mesures 25 et 26Ces deux mesures pas trop difficiles demandent une précision dans l'extension avec une souplesse particulière du poignet, du coude, de l'avant-bra et du bras. Le seul danger réside dans l'attaque du premier temps : ré bécarre - si b - do b, dans le fait de bien négocier pour atterir sur le dob sans rater la note.

 

Mesures 29 - 30 - 31 - 32 Ces quatres mesures sont à peine dangereuses. Elles utilisent un impact avec les doigts faibles de la main (4 et 5) avec un discours chromatique ascendant et descendant. Avec la main bien placée dans le fond du clavier, ces mesures - toutefois - tombent vraiment très bien dans les doigts. Elles sont même confortables à exécuter.

 

Mesures 50 - 52 - 55 - 56 - 60 - 62 La difficulté de ces mesures résident dans la poly-rthymie.

 

Mesures 65 - 67  - Ces deux mesures plus inconfortables le sont car il faut négocier un léger passage du pouce-déplacement combinés bien précis entre les notes ré bémol et sol bémol pour la première et les notes do bémol et fa bémol de la seconde. C'est évidemment la seconde avec l'écart do bémol - fa bémol qui est la plus dangereuse.

 

 

  • L'anecdote musicale (négative) à propos de cette étude

Normalement on est prié de respecter strictement le texte musical du compositeur.

 

C'est pour cela que l'on a fait des études poussées de solfège ainsi que de théorie musicale avancée. J'ai toujours été très choqué par la plupart des pianistes qui :

1) ne savent pas lire leur partition;

2) passent à côté de l'esprit de l'oeuvre, dans cette étude caractéristique au tempérament expressif et émotionnel fort. Nommée et, excusez du peu "Révolutionnaire". Chopin étant alors historiquement touché et choqué par un conflit armé - précisément la Pologne à nouveau envahie par les russes. 

 

On peut faire de cette étude une "musique à programme" avant la lettre.

 

A savoir :

- le premier coup de canon symbolisé par le premier accord de 7ème de dominante renversé joué forte et qui ouvre l'étude (si ré fa sol si) et comme le disait Cortot à propos de cette étude - "oeuvre qui n'est qu'un cri sublime de révolte". -;

- le flux orageux du premier thème descendant de la main gauche;

- le grondement permanent avec ses allées et venues de la main gauche avec cette espèce de "gamme-arpège" en do mineur supportant le premier thème de la main droite;

- le côté "guerrier" et dramatique du premier thème de la main droite avec les octaves do - ré - mib - mib;

- la tension permanente ainsi que progressive dans cette étude;

- un moment de résignation et de calme prêt à rebondir avec le plus beau des thèmes à la main gauche de l'étude à partir de la mesure 29 jusque la mesure 36 jusqu'à la modulation en fa mineur. Là où l'espoir semble renaître car cette partie de l'étude est plus lumineuse.

- pour enfin retrouver l'accord de 7ème de dominante et de ré-exposer le premier thème en octaves de la main droite avec des octaves d'approches ajoutées et le développement d'une poly-rythmie intriquée de la main droite et de la main gauche et ce, avec plus de fougue, de rage ainsi que de détermination.

- le grondement sourd du chromatisme à la basse.

- pour enfin, dès lors que la "bête" est fatiguée, terrassée ou morte (?) retrouver l'énergie de la détermination dans les quatre dernières mesures conclusives de l'étude.

  •  

Et là, à partir de la mesure 75 (là où tous les pianistes se plantent lamentablement), la première indication de Chopin est "SMORZANDO" qui signifie " en laissant mourir le son, en affaiblissant jusqu'au quasi silence" et ce, après une dernière montée chromatique qui précède ce smorzando comme un dernier sursaut. Ce smorzando implique forcément dynamiquement et expressivement un rallentendo.

 

Ensuite notre Chopin stimule en intensité ce passage en proposant à la mesure 77 l'indication "SOTTO VOCE" qui signifie " chuchotement, murmure, à voix basse". En fait dynamiquement le "sotto voce" n'est que le prolongement expressif du "smorzando". Un renforcement de l'idée en quelque sorte.

 

Et, pour reprolonger encore ces deux dynamiques de diminution du son impliquant un ralentissement expressif parallèle, Chopin, à la mesure 80 renforce encore en clair son idée en indiquant "POCO RALLENTENDO".

 

Pour enfin, et last but not least, indiquer à la mesure 81 "A TEMPO". Ce qui signifie (si j'ai bien compris mes classes au conservatoire !) que le pianiste, après un grand passage expressif impliquant un diminuendo (comme un murmure) tout en rallentissant le tempo, qu'il doit - par contraste expressif - reprendre le tempo passionné et expressif de l'étude pour "réveiller le mort", la conscience, l'énergie, volonté de vaincre tout en allant vers la quatre dernières mesures de conclusion.

 

Et bien, trouvez-moi des pianistes qui respectent le texte et qui sentent ce passage tel qu'il doit être joué ! Moi je n'en connais guère...

 

Bien sûr, il y a à tenir compte du contexte de l'étude qui est sa vitesse initiale pour générer ces ralentissements - diminuendo et dynamiques diverses mais aucun pianiste ne ralentit suffisamment et/ou ne diminue assez. Et on a droit (technique ostentatoire oblige) aux habituels tirs de mitrailleuse qui gâchent lamentablement la fin superbe de cette étude alors que les indications de Chopin ainsi que la dynamique musicale indique tout le contraire.

 

Je n'ai entendu qu'une seule fois un pianiste qui avait traité ce passage avec grande beauté mais j'ai oublié son nom...

 

  •  

Rubinstein l'a presque fait - pas trop mal...

https://www.youtube.com/watch?v=FJ9jBqeqhZM

 

Samson François a eu de belles intentions sur cette fin expressive; par contre, ses deux accords finaux sont fort incohérents.

https://www.youtube.com/watch?v=KDiXJvGMj-k

 Toutes les partitions gratuites relatives à cet article :

 

- études de CHOPIN opus 10;

  •  

- études de CHOPIN opus 25;

  •  

- exercices de BRAHMS (classement de Brahms);

 

Travailler les 51 exercices de BRAHMS

"Ces exercices très complets et passionnants à étudier contiennent en germe toutes les formules pianistiques brahmsiennes. La pianiste Idil Biret qui les a enregistrés dans son intégrale Brahms, a découvert que les auditeurs aiment à écouter cette suite de petites formes répétitives dont ils apprécient le côté apaisant… Brahms commence ses 51 Übungen für das Pianoforte en 1863 et les fait publier pour la première fois à Vienne en 1893. Sans numéro d’opus, ces exercices seront d’abord scindés en deux cahiers, de 1 à 25 et de 26 à 51. Réunis par la suite, ils sont considérés comme les clés du développement de la technique de piano et font partie du pain quotidien des pianistes. Dans ses Mémoires publiés en 1925, Eugénie, fille de Clara et Robert Schumann, explique avoir joué quelques-uns des (difficiles) exercices de son professeur Johannes Brahms. Il lui demandait de jouer les plus faciles, mais aussi vite que possible, les notes mélodiques legatissimo et les notes harmoniques, comme les accords brisés, très légèrement. Les syncopes devaient avoir leur totale valeur. Florence May, une autre élève de Brahms qui lui consacra une biographie en deux volumes (1905), rappela qu’il demandait impérativement la netteté et l’égalité des doigts, avec finesse et perfection dans l’apprentissage des exercices. Ces exercices confrontent le pianiste à des difficultés techniques ponctuelles, isolées de tout contexte musical."
 
Les 51 Exercices de Brahms : « Des  exercices  d’une  richesse  extraordinaire ! »
 
"L’intérêt de ces exer­cices est, entre autres, de préparer à l’exécution d’un certain nombre d’œuvres de Brahms, y compris les concertos. Durant mes études, j’ai travaillé ces exercices avec Monique de La Bruchollerie, à raison de trois par jour, cela faisait partie de nos obligations techniques. Dominique Merlet était également un grand partisan de ces exercices.
Beaucoup d’entre eux sont polyphoniques alors que la plupart des exercices d’autres compositeurs sont souvent axés sur la digitalité. Cela permet de travailler l’indépendance et d’aborder le travail technique de manière moins mécanique."
Frédéric Aguessy,  professeur au Conservatoire de Rouen, commente les 51 Exercices de Brahms.
 
Source : http://www.revuepiano.com
 
 
 
 

http://valentin.villenave.net/IMG/pdf/Brahms_51_Exercises.pdf

Pédagogie de la main et kinésithérapie de la main sans toucher le piano.

Je trouve ces conseils assez pertinents.

Issus du livre de Czeslaw SIELUZYCKI, pianiste et médecin.

"La main du pianiste"

 

 

Exercices très bien montrés par Aleksander WORONICKI

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B
Bonjour, pour le n°4 vous conseillez le n°10b des 51 exercices de Brahm ainsi que le n°43.<br /> Le problème étant qu'il n'existe pas de 10b (seulement un exercice 10) et qu'il y a un exercice 43a et 43b. Lesquels faut-il faire?
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P
Bonjour, je vérifie. Selon les éditions, il y a des confusions dans la numérotation des exercices de Brahms. J'aurais votre réponse ce soir lundi 16 juillet 2018 ou demain au plus tard. Bien à vous. Patrick FRASELLE